

Shawn Martin
Champion de la réduction des méfaits
Shawn Martin, originaire de la région Prince Ouest, travaille comme coordinateur de la réduction des méfaits au Ministère de la Santé et du Bien-être du gouvernement provincial de l’Île-du-Prince-Édouard.
Travailleur social de formation, il a travaillé dans le domaine de la santé mentale et des toxicomanies comme intervenant et thérapeute. C’est ces dernières années où sa carrière l’a amenée à travailler dans la coordination des politiques.
Avant de commencer sa carrière dans le domaine de la santé mentale et de la toxicomanie, en 2015, Shawn a fait un petit détour, pendant deux années, dans le domaine des politiques de l’agriculture et de l’aménagement des terres ici à l’île. Selon lui : “Ma carrière est venue un peu par accident. On fait des choix, on poursuit nos intérêts et puis il y a toute sorte d’autres influences. J’ai toujours voulu travailler dans un domaine où je pouvais aider les gens. C’est un objectif assez simple. Mes parents, ma famille ont eu une influence importante. Mon père travaille dans le domaine de la santé, dans l’administration, et ma mère a beaucoup travaillé dans le développement communautaire, dans la région Prince Ouest. C’est un peu à cause de ça que j’ai choisi le travail social. Et j’ai été très chanceux de pouvoir commencer ma carrière en travail social dans ces domaines-là: santé mentale, toxicomanie et réduction des méfaits. C’était dans un poste d’intervenant bilingue dans la région nord-ouest du Nouveau-Brunswick. C’était aussi une excellente opportunité de travailler en français.”
N’étant pas francophone de naissance, c’est en immersion que Shawn a tout d’abord appris le français : “Je viens de la région Prince Ouest de l’île et c’était surtout à Bloomfield Elementary, à cette école, où on était tellement chanceux. On avait des enseignants d’excellente qualité. La majorité était des Acadiens, des Québécois, des francophones de partout. Et surtout, ces enseignants à Bloomfield, ils avaient une vraie passion pour leur travail. Donc, ces expériences, cette éducation m’ont donné un très bon départ dans mon apprentissage du français.”
Pour Shawn, quand on apprend une langue seconde il aussi important d’avoir du soutien à la maison et dans son milieu professionnel : “Mes parents m’ont beaucoup aidé. Mon père lui aussi a appris le français comme anglophone, au collège, en Nouvelle-Écosse et il a vécu en France. Aussi, mon travail, ma carrière m’a aussi beaucoup aidé à améliorer mon français. J’ai travaillé dans des postes bilingues, au Nouveau-Brunswick. Et ça, c’était vraiment spécial. De pouvoir travailler avec et dans les communautés acadiennes.”
Sensible à la réalité des communautés francophone et acadienne des provinces de l’Atlantique , Shawn garde toujours en tête l’importance d’offrir des services et des informations dans les deux langues aux membres de celles-ci, dans le cadre de son travail.
Pour Shawn, être travailleur social, thérapeute ou intervenant dans le domaine de la santé mentale et des toxicomanies est quelque chose de très gratifiant, qui rapporte beaucoup aux personnes ayant fait ce choix de carrière. Mais c’est aussi une voie où on rencontre des défis chaque jour, et qui peut être taxante au niveau personnel, d’où l’importance de prendre soin de soi : “Quand on travaille dans le domaine des services humains, quand on voit les difficultés que les gens éprouvent… au niveau santé, social, logement, pauvreté. Parfois il y a des journées plus difficiles que d’autres, au niveau personnel. Et c’est pourquoi il faut prendre soin de soi et il faut que ce soit une pratique quotidienne. Pas seulement quand on se sent mal ou qu’on est stressé. ”
Des projets pour le futur, Shawn n’a pas le temps d’y penser : “Présentement, je suis concentré sur les projets faisant partie de la politique de réduction des méfaits, tels que le centre de prévention des surdoses, le service de vérification des drogues, les distributeurs interactifs, les boîtes de dépôt communautaire pour l’amélioration de l’accès à l’élimination sécuritaire des aiguilles et autres matériaux ainsi qu’à la promotion des services NORS (National Overdose Response Service) et Brave. À ce point dans ma carrière j’apprécie l’importance de commencer et terminer un projet avant d’en commencer d’autres.”
La réduction des méfaits, c’est quoi?
L’approche de réduction des méfaits repose sur la réduction des conséquences négatives liées à l’usage de substances plutôt que l’élimination du comportement d’usage lui-même. Elle fonctionne parallèlement au traitement. Comme le décrit Shawn “Dans ce sens-là, la réduction des méfaits, c’est distinct du traitement des dépendances. Les deux sont nécessaires, on a besoin de chacun.”
L’approche de réduction des méfaits est d’abord apparue aux Pays-Bas, en Grande-Bretagne, en Suisse et en Allemagne au début des années 1980 pour ensuite s’étendre à l’Amérique du Nord et au reste du monde.
Les politiques et services pour la réduction des méfaits ont plusieurs avantages tant en santé qu’au niveau social et économique. Des avantages tels que : la prévention des surdoses et des décès liés à la consommation de drogues; la prévention des infections; la réduction des dépenses en santé et la création de liens entre les personnes et les services.
La politique de réduction des méfaits de l’Île-du-Prince-Édouard comporte plusieurs services. Un de ces services est le site de prévention des surdoses. Selon Shawn : “En ce qui concerne le site de prévention de surdose, c’est-à-dire le service de consommation supervisé. On sait qu’il y a un besoin pour un service comme ça, à cause malheureusement des augmentations dans les surdoses à l’île et encore plus triste, une augmentation des décès liés aux surdoses. Alors on a besoin de ce service-là. Le site de prévention des surdoses aura toutes sortes de bénéfices liés à la réduction, à la prévention des surdoses. C’est un service qui va franchement sauver des vies. Et c’est un service qui sert aussi de lien entre les personnes et les services de santé, les services sociaux, de logement et aussi les services de traitement de dépendances.”
Le site de prévention des surdoses ouvrira ses portes sous peu, à Charlottetown. Mais qu’en est-il des services en régions rurales ? D’après Shawn : “Il y a d’autres services qui sont vraiment ciblés sur les régions rurales et d’autres centres de population à travers l’île. Par exemple, il y a des services de consommation supervisée virtuels ou par téléphone qui sont actuellement disponibles. Il y a NORS, National Overdose Response Service, et l’application Brave. Les deux sont pour après les heures d’ouverture et pour les communautés rurales. Et il y en a d’autres qu’on mettra en place. La vision c’est vraiment un continuum des services de la réduction des méfaits qui répond aux besoins des centres de population, tels que Charlottetown, Summerside, mais aussi les régions rurales. Parce qu’on sait que le besoin est partout.”
D’autres services et mesures de soutien pour la réduction des méfaits sont aussi en cours de développement tels que: un service de contrôle des drogues pour prévenir les surdoses; des distributeurs améliorant l’accès aux produits de réduction des méfaits (naloxone, seringues stériles et l’autotest du VIH) ainsi que des boîtes de dépôt communautaires pour une élimination sécuritaire des fournitures de réduction des méfaits.
Toutes ses mesures de soutien permettront de donner des « outils » aux consommateurs de drogues sans juger leur choix. L’approche se veut respectueuse de la décision de chacun et elle permettra de rejoindre les personnes les plus vulnérables et d’établir un lien de confiance qui pourra faire toute la différence.
Si vous, ou quelqu’un que vous connaissez désirez plus d’information sur les services et mesures de soutien actuellement disponibles pour la réduction des méfaits, à l’Île-du-Prince-Édouard, veuillez consulter la page suivante (en français):


